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    Stupeur et Tremblements

    Amélie Nothomb

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Stupeur et Tremblements est un récit autobiographique.

    Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l'implacable rigueur de l'autorité d'entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil Levant.

    D'erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu'au rang de surveillante des toilettes, celui de l'humiliation dernière.

    Une course absurde vers l'abîme – image de la vie - , où l'humour percutant d'Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.

    Entre le rire et l'angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l'auteur d'Hygiène de l'assassin le Grand Prix du roman de l'Académie française en 1999.

     

     

    Extrait :

     

    « Il fallait que je lui donne accès au paroxysme de l'extase.

    Dans l'ancien protocole impérial nippon, il est stipulé que l'on s'adressera à l'Empereur avec « Stupeur et Tremblements ». J'ai toujours adoré cette formule qui correspond si bien au jeu des acteurs dans les films de samouraïs, quand ils s'adressent à leur chef, la voix traumatisée par un respect surhumain.

    Je pris donc le masque de la stupeur et je commençai à trembler. Je plongeai un regard plein d'effroi dans celui de la jeune femme et je bégayai :

    - Croyez-vous que l'on voudra de moi au ramassage des ordures?

    - Oui! Dit-elle avec un peu trop d'enthousiasme.

    Elle respira un grand coup. J'avais réussi. »

    Stupeurs et Tremblements – Amélie Nothomb.

     

     

    Mes Impressions :

     

    Qui n'a jamais entendu parler d'Amélie Nothomb, à défaut de l'avoir lue? ...

    La jeune auteur n'est pas un phénomène pour rien, avec un parcours atypique, riche en expériences et émotions, et surtout, une plume acérée à l'humour et au cynisme dévastateurs qui vous conquit ou vous laisse froid.

    Pour ma part, c'est conquise que j'avais déjà reposé Hygiène de l'assassin, et à présent Stupeur et Tremblements.

    Tout au long du récit , Amélie nous entraîne avec elle au cœur du monde de l'entreprise nippone, qui apparaît cruel et parfaitement improbable à des profanes occidentaux tels que nous qui n'y avons jamais mis les pieds, et disons-le, n'en avons guère l'envie après cette lecture où l'on navigue perpétuellement entre le rire, l'angoisse et le dépit.

    On accompagne cette narratrice à l'esprit aiguisé comme des lames qui se voit chaque jour rabaissée au rang d'incapable, par des supérieurs intransigeants qui se font le reflet d'une conduite et d'un comportement formaté et doutent à chaque instant de ses capacités intellectuelles et mentales.

    Narratrice, qui, loin de s'en formaliser, se soumet et observe à la lettre une rigueur qui ne lui sied guère, alors que dans son esprit bouillonnent une analyse et des idées toujours plus percutantes qu'elles sont énoncées avec un humour incisif et une vérité crue qui n'en reste pourtant pas moins poétique.

    Stupeur et Tremblements, c'est un vécu et la vision d'un univers qui, qu'il nous soit étranger ou non, nous est superbement partagé par un esprit vif et acéré mais jamais mesquin ; c'est la désillusion d'une femme à propos d'un pays longuement idéalisé où elle rêve de retourner mais dont l'accueil ne sera guère celui d'une héroïne; c'est encore ici l'illustration des écarts de culture et de mode de vie entre occidentaux et orientaux, où les employés s'oublient dans un désir de perfection au détriment de leur individualité mais au profit de l'entreprise qui n'hésite pourtant pas à mettre à l'écart et même frapper d'ostracisme sans toutefois les licencier, les éléments jugés incapables qui devront partir d'eux-même en sacrifiant leur honneur.

     

    C'est une œuvre que l'on dévore, où la vivacité, l'humour et l'intelligence font mouche à chaque phrase, piquant notre curiosité pour notre plus grand plaisir.

     

     

     

     

    Lully.©


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    Peter Pan

    James Matthew Barrie

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Peter Pan est un garçon bien étrange. Il est vêtu de feuilles, ne connaît pas son âge, et ignore ce qu'est un baiser. Wendy est intriguée par ce petit bonhomme qui lui rend visite la nuit, accompagné d'une lumière tintinnabulante nommée Clochette. D'où vient-il donc ? «Je me suis enfui le jour de ma naissance», répond Peter Pan. «Je ne veux pas devenir un adulte, alors depuis, je vis au pays des fées. Sais-tu d'où viennent les fées ? Lorsque le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en milliers de morceaux, et chaque morceau devint une fée.» Wendy et ses deux frères, John et Michael, n'hésiteront pas bien longtemps à suivre Peter Pan et Clochette sur l'Île merveilleuse, au pays de l'Imaginaire...

     

     

    Du créateur à son personnage :

     

    L'auteur de Peter Pan, l'écrivain écossais J. M. Barrie, ressemble beaucoup à son personnage. Toute sa vie, il s'est accroché au monde imaginaire de son enfance.

    Peter Pan, symbole de l'enfance éternelle, doit peut-être sa célébrité planétaire à l'inoubliable dessin animé de Walt Disney, sorti en 1953. Mais sa première apparition eut lieu sur la scène d'un théâtre londonien, en 1904... Son vrai créateur se nomme James Matthew Barrie (1860-1937), écrivain et dramaturge écossais d'origine modeste. Au physique, Barrie était un farfadet d'un mètre cinquante - il fut bel et bien le premier Peter Pan !

    Lorsque l’on s’intéresse à ce garçon qui ne voulait pas grandir, dans le Pays de Nulle Part, et que l’on retourne au texte de James Matthew Barrie, on découvre un récit d’une grande richesse - que l’on peut lire et qui a été lu à plusieurs niveaux y compris par des psychanalystes - et un écrivain à l’imagination féconde, hanté par des fêlures d’enfance.

    Toute sa vie, celui-ci s'est en effet désespérément accroché au monde imaginaire de l'enfance.

    Il naît le 9 mai 1860 à Kirriemuir, un petit village écossais du comté d’Angus. Il est le neuvième enfant de David Barrie, un modeste tisserand, et de Margaret Ogilvy, une femme fantasque qui voue un amour exclusif à l’un de ses autre fils, David, né en 1853, délaissant donc les autres.
    James est un garçon plutôt fluet dont la tête paraît très grosse par rapport au corps. Il a pourtant des traits fins, des cheveux noirs et des yeux clairs très enfoncés dans leurs orbites.
    Margaret est une lectrice passionnée et, chaque soir, elle lit des histoires à ses enfants et à son mari, surtout des romans d’aventures dont elle raffole. C’est ainsi que James rêve, voyage en imagination et emmagasine de la matière qu’il réutilisera par la suite dans son œuvre littéraire.

    Son enfance est marquée à jamais par un drame : en janvier 1866, son frère David meurt d’une chute sur la glace. Margaret, ayant perdu son fils préféré, se retranche alors dans sa douleur, hors du monde et elle a bien du mal à s’occuper des autres, dont James qui, lui, est bien vivant. Le garçon se réfugie alors dans le rêve et le monde de la fantaisie.

    Pour Andrew Birkin, auteur de J. M. Barrie and the Lost Boys, « Si Margaret Ogilvy trouvait du réconfort dans l'idée que David en mourant enfant, resterait un enfant à jamais, Barrie y trouva son inspiration. »

    A la fin de ses études en 1882, James décide de se consacrer entièrement à l’écriture. Il s’installe à Londres en 1885 et poursuit son activité journalistique. Il publie une chronique sur la vie de la communauté religieuse de son village natal, Communaute Auld Licht. Cette chronique très humoristique qui démontre d’une réelle faculté d’observation, remporte un vif succès auprès d’un public anglais avide d’exotisme. Il publie ensuite des romans : Better Dead, en 1877, A Windows in thrums, en 1878, Auld Licht iddylls, en 1888, et The Little minister, en 1891. Ce dernier roman connaît le succès, tant chez le public londonien que dans la critique, ce qui permet désormais à Barrie de vivre très confortablement de sa plume ; il s’installe alors dans un appartement cossu de Kensington. Il continue néanmoins à écrire, se lançant dans le théâtre.

    Barrie se réfugie dans le travail, fait de longues promenades mélancoliques avec son chien Porthos dans les beaux Jardins de Kensington où l’homme et le chien sont connus de tous les enfants.

    En 1898, James M. Barrie est un auteur très connu et estimé en Angleterre. C’est à cette époque de notoriété qu’il fait la connaissance de la famille Llewelyn-Davies. Arthur, le père, est un jeune avocat au brillant avenir ; Sylvia, la mère, est une très belle femme avec laquelle Barrie restera très lié jusqu’à la fin de sa vie.

    Le couple a trois garçons, Georges, Jack et Peter. Barrie tombe rapidement sous le charme de Sylvia et de ses garçons, auxquels il rend visite presque tous les jours et pour lesquels il invente toutes sortes d’histoires. C’est pour eux qu’il écrit le conte Le Petit oiseau blanc, centré sur l’idée poétique et mélancolique qu’à leur naissance, les enfants sont d’abord des oiseaux et qu’ils perdent ensuite leurs ailes. On trouve déjà dans ce texte toute la matière de Peter Pan, où il apparaît d'ailleurs pour la première fois au moment de sa naissance.Deux autres garçons naissent un peu plus tard : Michaël et Nicholas.

    La pièce Peter Pan est créée le 27 décembre 1904, au Duke of York. Il s’agit d’une féérie en cinq actes : La Nursery – Le Pays imaginaire – Le Lagon aux sirènes – La maison souterraine – Le bateau pirate. Elle comporte un dispositif scénique très compliqué et une distribution impressionnante : la famille Darling, Peter, la fée Clochette, les Enfants perdus, les pirates et le capitaine Crochet, deux Peaux-Rouges, des Belles-mamans, un crocodile, une autruche, une meute de loups ! La pièce est un véritable triomphe, aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis où elle sera créée plusieurs mois plus tard. Pendant de longues années, la pièce est reprise à Londres, toujours avec le même succès.

    Sa fortune est désormais considérable et il est fait baronnet de Sa Majesté le roi George V en 1913. Entre temps, il a perdu sa chère amie Sylvia en août 1910, qui n’a pas résisté à la mort de son mari quelques mois auparavant. James M. Barrie devient alors officiellement le tuteur et le père des cinq garçons Llewelyn-Davies, ce qu’il souhaitait depuis longtemps.
    En mars 1915, Georges, l’aîné des garçons, meurt à la guerre. En 1921, Michaël se suicide par noyade avec son ami ; les journaux londoniens titrent à cette occasion sur la disparition tragique de «
    l’un des garçons ayant inspiré à Sir James Barrie son Peter Pan ».
    Très affaibli et désespéré par ces drames et par des bronchites chroniques dues à l’abus de tabac, sa «
    Lady Nicotine » comme il l’a appelée tout au long de sa vie, Barrie meurt en 1936.

     

    Et Peter Pan ?

    Voici ce qu’écrivait Barrie lui-même pour le programme de Peter Pan lors de sa représentation à Paris en 1908 : « Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir est une pièce pour enfants et pour ceux qui autrefois l’ont été, écrite par un auteur qui entend rester un enfant. Tout au long de notre enfance, nous prétendons tous les jours être des pirates ou des Peaux-Rouges ou des mamans et toutes les nuits nous rêvons encore de ces mêmes rôles. Mais il y a surtout une étrange et magique demi-heure, entre le jour et la nuit, entre la veille et le sommeil, quand l’enfant, les yeux grands ouverts dans son lit, voit le jeu et le rêve se fondre en un, un monde de l’imagination devenir réalité. C’est cette demi-heure que la pièce tente de recréer. »



    Sources : Wikipédia ; Sitartmag.com



    Mes Impressions :



    Peter Pan est une lecture sublime, intemporelle, qui nous entraîne bien au-delà du conte mais bien dans la réflexion philosophique, l'univers du rêve et de l'enfance, mais aussi au cœur des doutes et des peurs adultes : celle de grandir, de perdre son âme d'enfant, mais aussi celle de vieillir, et enfin, celle de mourir et de sombrer dans l'oubli...

    La Mort est présente tout au long de l'œuvre, symbolisée notamment par le crocodile-horloge, la plus grande terreur de Crochet, mais aussi celle de Peter, et en cela ils se ressemblent, mais ce n'est pas le moindre de leurs points communs, bien que le plus évident. La thématique de l'oubli, récurrent chez Peter, est elle aussi un symbole de mort.

    Lorsqu'on connaît un peu mieux la vie de l'auteur, l'on peut alors aussi spéculer sur bon nombre de rapports entre celle-ci et son œuvre.

    Peter Pan semble à la fois incarner David son frère disparu, décédé dans l'enfance et donc enfant éternel, mais aussi le refus de grandir de James lui-même qui, à la perte de celui-ci, a tout fait pour le remplacer auprès de sa mère et lui redonner le sourire, lourde responsabilité qui aura tôt fait de pousser un garçon hors de l'enfance et de ses réjouissances.

    L'œuvre semble explorer aussi le thème de l'importance maternelle, par la présence de ses personnages féminins qui incarnent pourtant différents archétypes inaccessibles à Peter.

    En effet, de Clochette ou Tinn-Tamm, à Wendy et Mrs. Darling en passant par Tiger Lily et les sirènes, sont représentées la femme amoureuse, possessive et jalouse, la tendre compagne à l'instinct maternel surdéveloppé, ou encore la possible amante indépendante.

    Que ce soit Peter Pan ou J.M.Barrie, aucun des deux ne semble avoir la possibilité d'accéder à l'amour, qu'il soit maternel ou passionnel, qu'on le lui refuse ou qu'il s'y refuse, alors que l'amitié est un sentiment auquel ils s'adonneront tous deux avec passion.

    Peter est un personnage très ambigu, c'est pourquoi malgré les apparences, il n'est pas uniquement un conte pour enfants, mais bel et bien le récit précurseur du syndrome de Peter Pan.

    Au-delà de son obstination, son refus catégorique de grandir et de devenir un homme, il n'est pas qu'un enfant joyeux, n'est ni humain ni héros, car il est incapable d'amour, de compassion ou quelque sentiment profond que ce soit.

    Pour lui tout est factice, et ses compagnons de jeu vite oubliés et remplacés par d'autres, ne sont que des faire-valoirs de sa propre gloire.

    Il est plein de sa propre importance, capricieux, vaniteux et parfois même cruel, et au Pays de Nulle-Part, tout, à part lui, est interchangeable. D'ailleurs, lui-même prend la place de Crochet après l'avoir vaincu, et son monde semble une boucle au cœur de laquelle il aura tous les rôles, bons ou mauvais peu importe, tant qu'il en reste le centre.

    « Par la suite, la rumeur courut que la première nuit où il porta ce costume, il resta longtemps assis dans la cabine, le porte-cigare de Crochet aux lèvres, et tous les doigts d'une main repliés, à l'exception de l'index qu'il tenait recourbé en l'air de façon menaçante, comme un crochet. » - Peter Pan -

     

    Le conte fondateur du "garçon qui ne voulait pas grandir" nous révèle de précieux éléments d'analyse sur la délicate transition de l'enfance à la maturité. L'histoire de Peter Pan éclaire en vérité le malaise existentiel de ces adultes atteints, aux dires des psychanalystes, du "complexe de Peter Pan"...

    Mais, au-delà de chaque analyse passionnante que l'on pourrait faire de cette œuvre dont la profondeur est une multitude de miroirs aux reflets innombrables, Peter Pan reste, dans nos cœurs, l'incarnation même de l'enfant éternel qui demeure en nous, auquel nous pourrons toujours faire appel lorsqu'il nous prend le besoin de rêver et de nous évader, et avec lequel s'envoler loin, vers les étoiles au Pays de Nulle-Part.

     

    Drôle, décalé, profond et féerique, plongez au gré de ces pages et vous découvrirez un Peter Pan comme vous ne l'auriez jamais imaginé.

     

     

     

     

    Lully.©


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    L'heure Bleue

     

     

    Ce soir, j'adopte l'heure bleue...

     

     

    • Une petite improvisation :

     

     

    « Alors qu'il marchait, errant depuis des heures sous des frondaisons où nulle éclaircie n'osait s'attarder, s'ouvrirent devant lui les bras d'une rivière, flanquée là, au beau milieu d'une improbable clairière lumineuse, où il put enfin s'abreuver longuement.

    Et, levant les yeux sur des cieux trop longtemps invisibles, au creux desquelles, suspendue pour quelques instants encore, s'attardait magnifique l'Heure Bleue, instant de tous les possibles, il sut alors qu'il n'était plus ni perdu, ni seul. La quiétude et la beauté l'avaient trouvé là. ».

     

     

    • Définition :

     

    L'heure bleue désigne les quelques instants, entre le jour et la nuit, qui précède le crépuscule.

    C'est le moment où le ciel s'emplit presque entièrement d'un bleu pâle tirant sur un gris ardoise, plus foncé que le bleu ciel du jour.

    Cette couleur, particulièrement prisée des photographes, est causée par la diffusion Rayleigh.

    En été, cette heure est réputée être la meilleure pour saisir les fragrances et le parfum des fleurs.

     

    Mais l'expression désigne aussi le Paris des années précédant la Première Guerre Mondiale.

     

     

    • Synonymes :

     

    • Entre chien et loup : A la tombée du jour. Expression antique (II ème siècle av. J.C dans un texte hébraïque) qui fait référence au moment de la journée où l'on ne peut plus distinguer le chien du loup, deux animaux très semblables. Les romains disaient déjà : "inter canem et lupum" . La première mention en français remonte au XIII ème siècle.

    • A la Brune, A la Brunante : Vers le commencement de la nuit. Locution faite d'après le radical de « Brunir », qui apparaît dans la Chanson de Roland (1080) sous la forme « brunisant » qui signifie « brillant, poli ». Couramment employée au Québec, mais aussi en littérature.

     

     

    Quelques citations :

     

    • «C'est une heure incertaine, c'est une heure entre deux, où le ciel n'est pas gris même quand le ciel pleut... » Françoise Hardy

    • « S'il faut suivre demain l'intruse aux voiles sombres,

      Lucide, j'aimerai m'éteindre au petit jour

      En cueillant l'heure bleue où s'estompent les ombres. » Denise Duong

    • «  L'heure bleue...

      L'heure d'avoir sur la langue et dans le sang la chaleur d'un alcool en regardant dehors... où rien ne vous regarde.

      L'heure de franchir les portes des interdits.

      Et penser à ses mains, à ses bras...

      Et sentir la morsure de ses dents à vos lèvres...

      Et croire qu'ici, chez vous, c'est aussi les parfums de là-bas qui s'exhalent. »

      Michel Giliberti

    • « Le soleil s'est couché, la nuit pourtant n'est pas encore tombée. C'est le temps suspendu, l'heure où l'agitation fait place à une certaine lenteur , où tout est silencieux, l'heure où l' harmonie se fait douce entre le monde et la lumière. Dans cette lumière d'un bleu profond, tout prend une teinte gommée, les contours s'estompent, deviennent flous . Les gris s'installent progressivement ... » Quinquabelle

     

     

    Origine :

     

    Malgré des recherches assidues, je n'ai rien pu trouver concernant l'origine de cette superbe expression, toute poétique qu'elle soit.

    Je continuerai, et si dans ma quête de savoir je déniche quelque secret intéressant, je reviendrai ici vous en faire part.

     

     

    Sources : Wikipédia ; Les-Expressions.com

     

     

     

    D'ici là, savourez donc ces quelques mots, et je vous dis à bientôt.

     

     

     

    Lully.©


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    Alice au pays des merveilles

    Lewis Carroll

     

     

     

    Note de l'éditeur :

     

    " Quand le Lapin sortit une montre de son gousset, la regarda et reprit sa course, Alice se leva d'un bond car, en un éclair, elle réalisa qu'elle n'avait jamais vu un lapin avec un gousset et une montre à en sortir. Dévorée de curiosité, elle le suivit à travers champs, et eut juste le temps de le voir s'engouffrer dans un vaste terrier sous la haie. "

    Pourquoi Alice s'étonnerait-elle alors de rencontrer chemin faisant une Reine de Cœur, un Griffon, un Chapelier, un Lièvre de Mars ou de prendre le thé chez les fous ? C'est au pays des merveilles que l'a entraînée le lapin blanc, un pays où elle ne cesse de changer de taille, et où tout peut arriver. Un pays que Lewis Carroll met en scène avec une rigueur impeccable dans la loufoquerie. Loin de la mièvrerie du conte enfantin, cette nouvelle traduction restitue au texte anglais toute sa verdeur mathématique.

     


    Un peu d'histoire :


    Alice au pays des merveilles est le fruit d'une promenade en barque que Lewis Carroll effectuait en compagnie des trois sœurs Liddell, Lorina Charlotte, l'aînée (13 ans), Alice (10 ans), et Edith (8 ans), en 1862.

    Elles figurent d'ailleurs toutes trois dans le poème d'ouverture, sous les noms de Prima, Secunda, et Tertia.

    Pour passer le temps, Carroll leur raconte des histoires. Alice Liddell, à la fin de la promenade, lui demande de les mettre par écrit. Les aventures d'Alice sous terre sont achevées en 1864. Peu après, il ajoute des épisodes (le chat du Cheshire et l'heure du thé) et soumet le manuscrit, qui sera publié en 1865.

    Ce conte onirique, qui fait la part belle à l'absurde, aux jeux de mots et d'esprit et aux distorsions de la logique, connaît un succès immédiat qui ne se dément pas de nos jours. Encouragé, Carroll lui donne une suite (De l'autre côté du miroir) en 1871 qui connaîtra la même fortune. Les deux ouvrages sont traduits dans toutes les langues à travers le monde, et le personnage d'Alice est devenu une figure incontournable de l'imaginaire enfantin.

     

    On oublie souvent de préciser que le premier illustrateur d'Alice est Lewis Carroll lui-même, qui offrit à Alice Liddell, le 26 novembre 1864, un exemplaire manuscrit de l'histoire inventée pour elle, orné de 37 dessins à la plume. Une édition en fac similé (avec une traduction française)a été réalisé récemment par les éditions Frémok (2006).

    Les sources divergent sur la question de savoir si c'est Dodgson ou son éditeur qui jugea bon de ne pas garder ses propres images. C'est en tout cas Carroll qui opta pour John Tenniel, dessinateur alors réputé pour sa participation à la revue satirique Punch. Le succès remporté par la version illustrée par Tenniel l'a installé presque comme un second auteur d'Alice et le même tandem fut reformé pour le second livre.

    Les illustrations de John Tenniel semblent aujourd'hui inséparables du texte de Lewis Carroll. Mais Alice a inspiré un nombre impressionnant d'illustrateurs de sa création et jusqu'à nos jours. Plusieurs centaines de versions ont ainsi vu le jour.

     

    Sources : fluctuat.net ; Wikipédia

     

     

    L'intrigue :


    Alice s'ennuie auprès de sa sœur qui lit un livre (« sans images, ni dialogues ») tandis qu'elle ne fait rien. « À quoi bon un livre sans images, ni dialogues ? », se demande Alice. Mais voilà qu'un lapin blanc aux yeux roses vêtu d'une redingote rouge passe près d'elle en courant. Cela ne l'étonne pas le moins du monde. Pourtant, lorsqu'elle le voit sortir une montre de sa poche et s'écrier : « Je suis en retard ! En retard ! En retard ! », elle se dit que décidément ce lapin a quelque chose de spécial. En entrant derrière lui dans son terrier, elle fait une chute presque interminable qui l'emmène dans un monde aux antipodes du sien. Elle va rencontrer une galerie de personnages retors et se trouver confrontée au paradoxe, à l'absurde, et au bizarre...

     

     

    Le personnage d'Alice :

     

    « Aimante comme un chien », ainsi que la décrit Lewis Caroll dans Alice à la scène, Alice est également « curieuse, extravagamment curieuse ». Ce trait de caractère en fait l’exploratrice idéale, d’autant plus que la petite fille se montre d'emblée d’une insouciance totale, s’engageant dans le terrier du Lapin sans songer un seul instant à la manière dont elle en pourra ressortir.

    Alice est aussi d’une courtoisie exemplaire, car elle veut prouver à son entourage, qui semble la considérer comme trop étourdie et rêveuse, qu'elle connaît les bonnes manières et toutes les leçons qu'elle se force à apprendre. Sa bonne éducation ne lui évite cependant pas les gaffes auxquelles la conduit sa nature spontanée : ainsi n’hésite-t-elle pas à parler de sa chatte Dinah à la Souris de la Mare de larmes…

    Alice est aussi un personnage très patient et attentif envers les êtres étranges qu'elle rencontre. Ainsi, elle s'arrête souvent pour entendre ce que chaque personnage a à lui dire : elle revient pour entendre la dernière phrase du Ver à Soie, elle écoute les chansons de Tweedeldee et Tweedeldum, écoute les plaintes de la Tortue-Fantaisie, et essaie même de comprendre les discours illogiques du diabolique trio du Chapelier, du Lièvre de Mars, et du Loir...

    Petit à petit, Alice s'enfonce dans un monde de plus en plus absurde, ce qui la force à tout relativiser et à chercher de la logique, du bon sens ; toutes ces matières qu'elle cherche en fait à fuir dans la réalité.

     

    Le pays des merveilles :


    Le Pays des merveilles est pour Alice terriblement dépaysant. Dès son arrivée, la petite fille se retrouve en proie à une véritable crise d'identité, en raison des métamorphoses physiques qu’elle subit, mais aussi de la perte du savoir scolaire auquel elle voudrait tant se référer pour tenter de comprendre et de rationaliser le monde étrange qui l’entoure. Ayant oublié sa poésie, elle devient par ailleurs l’agent d’une parodie de poèmes célèbres dans l’Angleterre de Carroll.

    Le pays est le lieu de la contestation, par le biais de l’absurde, d’un certain ordre établi du monde réel, notamment de l’arbitraire du langage : Humpty Dumpty, par exemple, définit comme il l’entend le mot « gloire » et met à jour la nature purement conventionnelle du lien entre signe et sens. Le texte est aussi une critique de la société victorienne, notamment de ses intérieurs « fonctionnels », où chaque chose doit trouver et tenir une place minimale : Le Lièvre de Mars et le Chapelier « rangent » le Loir dans… la théière. Les frères Tweedeldee et Tweedeldum contredisent sans arrêt Alice. Le chat de Cheshire se contredit.

    Le pays est aussi un lieu d’excès, où la gourmandise d’Alice est sans cesse confrontée à des choses qui se boivent ou se mangent et qui la transforment physiquement, et où la cruauté de personnages féminins comme la fameuse Reine de Cœur s’exprime sans retenue.

    Au Pays des merveilles, le temps est déréglé, au point qu’il n’y en a pas assez, comme pour le Lapin Blanc toujours pressé, ou qu’on soit fâché avec lui, ou, comme le Chapelier, qu'on soit condamné à vivre éternellement à l'heure du thé.

    On peut interpréter le pays de plusieurs façons différentes : on peut en effet le considérer comme un monde surréaliste, coloré et ingénu, ou bien comme un endroit cauchemardesque dans lequel Alice se retrouve prise au piège d'un monde où la logique a été abandonnée au profit de la folie, un monde peuplé de personnages ambigus et inquiétants. L'ambiguïté des personnages semble d'ailleurs s'accentuer sous le trait de John Tenniel, dont les représentations picturales des protagonistes sont plutôt inquiétantes.


    Source : Wikipédia



    Mes impressions :


    J'aime beaucoup ce conte, mais j'ai pourtant du mal à le considérer comme mièvre et enfantin. Il me semble au final qu'il s'adresse plus à des adultes en mal de fantaisie qu'à des enfants. D'autant plus qu'on peut déceler à sa lecture, une multitude de sens cachés, que ce soit au creux des mots et des jeux de langage ou encore au sein même de certaines scènes du récit qui semblent, au travers de métaphores filées, des critiques de la société anglaise et de ses mécanismes à l'époque de Lewis Carroll.

    L'univers dans lequel se trouve plongé Alice m'apparaît bien plus effrayant que merveilleux! En effet, rien n'a de sens, il est impossible d'y avoir des repères car même ceux-ci se trouvent totalement déréglés, malmenés et poussés jusqu'à l'absurdité la plus totale. Les créatures qu'elle rencontre ne sont guère amicales, bien au contraire, il semble que chacun ait tendance à ne se préoccuper que de lui-même, ancré au cœur de sa propre folie, de ses propres errances, ne se tournant vers Alice que pour y trouver son propre intérêt ou y voir le reflet de sa pleine importance. Ainsi l'on y croisera une Reine de Cœur qui en est parfaitement dénuée, un chat au sourire énigmatique que l'on ne voudrait guère câliner, des fous, des lâches et des sournois...

    Alice, quant à elle, est véritablement une enfant tout aussi attachante qu'agaçante.

    Tantôt naïve et pleurnicharde, tantôt faisant montre d'un courage et d'une détermination sans bornes, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec elle, et quel comportement elle risque d'adopter face à une situation donnée.

    Elle semble finalement bien à sa place dans ce monde étrange, sans queue ni tête, où elle ne s'étonne de rien et se fond à merveille dans le décor, elle-même sujette à une perte de son identité, au point que celle-ci en devient trouble et changeante, se dédoublant même quand la situation l'exige.

    La folie semble bel et bien avoir apposé sa marque ici, elle y est presque palpable, au moindre recoin de cet univers haut en couleurs, passionnant, il est vrai, mais terriblement déroutant.


    En tous cas, si comme moi, vous n'aviez pas encore lu cette œuvre originale, intemporelle, et ne la connaissiez que par bribes ou via d'autres médias, n'hésitez pas à vous lancer, vous ne le regretterez pas, et découvrirez un conte plus profond, plus mystérieux encore par ses différentes facettes, que ce que vous en connaissiez, le temps d'une lecture qui s'avale goulument.


    Je terminerai ici en vous partageant une critique trouvée sur Amazon, qui m'a semblé fort intéressante et assez judicieuse.


    « À la fois roman d'introspection et conte merveilleux, Alice au pays des merveilles est le récit, mené de bout en bout sur un rythme époustouflant, de l'intemporelle question de l'identité.

    Enfant déroutante, naïve et réceptive jusqu'à l'extrême, Alice fait la rencontre d'une multitude de personnages improbables qui seront autant d'ouvertures sur un monde où le cadre spatio-temporel est bouleversé, où les repères linguistiques ne sont plus fiables, où la peur voisine avec le jeu.

    Or, si Alice est aussi sensible à toutes les bizarreries qui l'entourent, c'est sans doute qu'elle a une prédisposition. Elle a beau tenter de se raccrocher à la norme, elle a la particularité d'incarner deux personnalités à la fois afin de se créer une partenaire de jeu. L'auteur fait également part de ses monologues argumentateurs douteux, où l'amour du raisonnement s'exprime par un illogisme flagrant. Alice au pays des merveilles est un détour par la folie enfantine pour désigner, sur le mode ludique, la part de folie qui se camoufle chez l'adulte. ».





    Lully.©




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  • - Alice au pays des merveilles - Lewis Carroll

    - Peter Pan -  James Matthew Barrie

    - Stupeur et Tremblements -  Amélie Nothomb

    - Ni d'Eve ni d'Adam -  Amélie Nothomb

    - Et Après... -  Guillaume Musso


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