• Conte : Peter Pan - James Matthew Barrie.


     

    Peter Pan

    James Matthew Barrie

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Peter Pan est un garçon bien étrange. Il est vêtu de feuilles, ne connaît pas son âge, et ignore ce qu'est un baiser. Wendy est intriguée par ce petit bonhomme qui lui rend visite la nuit, accompagné d'une lumière tintinnabulante nommée Clochette. D'où vient-il donc ? «Je me suis enfui le jour de ma naissance», répond Peter Pan. «Je ne veux pas devenir un adulte, alors depuis, je vis au pays des fées. Sais-tu d'où viennent les fées ? Lorsque le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en milliers de morceaux, et chaque morceau devint une fée.» Wendy et ses deux frères, John et Michael, n'hésiteront pas bien longtemps à suivre Peter Pan et Clochette sur l'Île merveilleuse, au pays de l'Imaginaire...

     

     

    Du créateur à son personnage :

     

    L'auteur de Peter Pan, l'écrivain écossais J. M. Barrie, ressemble beaucoup à son personnage. Toute sa vie, il s'est accroché au monde imaginaire de son enfance.

    Peter Pan, symbole de l'enfance éternelle, doit peut-être sa célébrité planétaire à l'inoubliable dessin animé de Walt Disney, sorti en 1953. Mais sa première apparition eut lieu sur la scène d'un théâtre londonien, en 1904... Son vrai créateur se nomme James Matthew Barrie (1860-1937), écrivain et dramaturge écossais d'origine modeste. Au physique, Barrie était un farfadet d'un mètre cinquante - il fut bel et bien le premier Peter Pan !

    Lorsque l’on s’intéresse à ce garçon qui ne voulait pas grandir, dans le Pays de Nulle Part, et que l’on retourne au texte de James Matthew Barrie, on découvre un récit d’une grande richesse - que l’on peut lire et qui a été lu à plusieurs niveaux y compris par des psychanalystes - et un écrivain à l’imagination féconde, hanté par des fêlures d’enfance.

    Toute sa vie, celui-ci s'est en effet désespérément accroché au monde imaginaire de l'enfance.

    Il naît le 9 mai 1860 à Kirriemuir, un petit village écossais du comté d’Angus. Il est le neuvième enfant de David Barrie, un modeste tisserand, et de Margaret Ogilvy, une femme fantasque qui voue un amour exclusif à l’un de ses autre fils, David, né en 1853, délaissant donc les autres.
    James est un garçon plutôt fluet dont la tête paraît très grosse par rapport au corps. Il a pourtant des traits fins, des cheveux noirs et des yeux clairs très enfoncés dans leurs orbites.
    Margaret est une lectrice passionnée et, chaque soir, elle lit des histoires à ses enfants et à son mari, surtout des romans d’aventures dont elle raffole. C’est ainsi que James rêve, voyage en imagination et emmagasine de la matière qu’il réutilisera par la suite dans son œuvre littéraire.

    Son enfance est marquée à jamais par un drame : en janvier 1866, son frère David meurt d’une chute sur la glace. Margaret, ayant perdu son fils préféré, se retranche alors dans sa douleur, hors du monde et elle a bien du mal à s’occuper des autres, dont James qui, lui, est bien vivant. Le garçon se réfugie alors dans le rêve et le monde de la fantaisie.

    Pour Andrew Birkin, auteur de J. M. Barrie and the Lost Boys, « Si Margaret Ogilvy trouvait du réconfort dans l'idée que David en mourant enfant, resterait un enfant à jamais, Barrie y trouva son inspiration. »

    A la fin de ses études en 1882, James décide de se consacrer entièrement à l’écriture. Il s’installe à Londres en 1885 et poursuit son activité journalistique. Il publie une chronique sur la vie de la communauté religieuse de son village natal, Communaute Auld Licht. Cette chronique très humoristique qui démontre d’une réelle faculté d’observation, remporte un vif succès auprès d’un public anglais avide d’exotisme. Il publie ensuite des romans : Better Dead, en 1877, A Windows in thrums, en 1878, Auld Licht iddylls, en 1888, et The Little minister, en 1891. Ce dernier roman connaît le succès, tant chez le public londonien que dans la critique, ce qui permet désormais à Barrie de vivre très confortablement de sa plume ; il s’installe alors dans un appartement cossu de Kensington. Il continue néanmoins à écrire, se lançant dans le théâtre.

    Barrie se réfugie dans le travail, fait de longues promenades mélancoliques avec son chien Porthos dans les beaux Jardins de Kensington où l’homme et le chien sont connus de tous les enfants.

    En 1898, James M. Barrie est un auteur très connu et estimé en Angleterre. C’est à cette époque de notoriété qu’il fait la connaissance de la famille Llewelyn-Davies. Arthur, le père, est un jeune avocat au brillant avenir ; Sylvia, la mère, est une très belle femme avec laquelle Barrie restera très lié jusqu’à la fin de sa vie.

    Le couple a trois garçons, Georges, Jack et Peter. Barrie tombe rapidement sous le charme de Sylvia et de ses garçons, auxquels il rend visite presque tous les jours et pour lesquels il invente toutes sortes d’histoires. C’est pour eux qu’il écrit le conte Le Petit oiseau blanc, centré sur l’idée poétique et mélancolique qu’à leur naissance, les enfants sont d’abord des oiseaux et qu’ils perdent ensuite leurs ailes. On trouve déjà dans ce texte toute la matière de Peter Pan, où il apparaît d'ailleurs pour la première fois au moment de sa naissance.Deux autres garçons naissent un peu plus tard : Michaël et Nicholas.

    La pièce Peter Pan est créée le 27 décembre 1904, au Duke of York. Il s’agit d’une féérie en cinq actes : La Nursery – Le Pays imaginaire – Le Lagon aux sirènes – La maison souterraine – Le bateau pirate. Elle comporte un dispositif scénique très compliqué et une distribution impressionnante : la famille Darling, Peter, la fée Clochette, les Enfants perdus, les pirates et le capitaine Crochet, deux Peaux-Rouges, des Belles-mamans, un crocodile, une autruche, une meute de loups ! La pièce est un véritable triomphe, aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis où elle sera créée plusieurs mois plus tard. Pendant de longues années, la pièce est reprise à Londres, toujours avec le même succès.

    Sa fortune est désormais considérable et il est fait baronnet de Sa Majesté le roi George V en 1913. Entre temps, il a perdu sa chère amie Sylvia en août 1910, qui n’a pas résisté à la mort de son mari quelques mois auparavant. James M. Barrie devient alors officiellement le tuteur et le père des cinq garçons Llewelyn-Davies, ce qu’il souhaitait depuis longtemps.
    En mars 1915, Georges, l’aîné des garçons, meurt à la guerre. En 1921, Michaël se suicide par noyade avec son ami ; les journaux londoniens titrent à cette occasion sur la disparition tragique de «
    l’un des garçons ayant inspiré à Sir James Barrie son Peter Pan ».
    Très affaibli et désespéré par ces drames et par des bronchites chroniques dues à l’abus de tabac, sa «
    Lady Nicotine » comme il l’a appelée tout au long de sa vie, Barrie meurt en 1936.

     

    Et Peter Pan ?

    Voici ce qu’écrivait Barrie lui-même pour le programme de Peter Pan lors de sa représentation à Paris en 1908 : « Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir est une pièce pour enfants et pour ceux qui autrefois l’ont été, écrite par un auteur qui entend rester un enfant. Tout au long de notre enfance, nous prétendons tous les jours être des pirates ou des Peaux-Rouges ou des mamans et toutes les nuits nous rêvons encore de ces mêmes rôles. Mais il y a surtout une étrange et magique demi-heure, entre le jour et la nuit, entre la veille et le sommeil, quand l’enfant, les yeux grands ouverts dans son lit, voit le jeu et le rêve se fondre en un, un monde de l’imagination devenir réalité. C’est cette demi-heure que la pièce tente de recréer. »



    Sources : Wikipédia ; Sitartmag.com



    Mes Impressions :



    Peter Pan est une lecture sublime, intemporelle, qui nous entraîne bien au-delà du conte mais bien dans la réflexion philosophique, l'univers du rêve et de l'enfance, mais aussi au cœur des doutes et des peurs adultes : celle de grandir, de perdre son âme d'enfant, mais aussi celle de vieillir, et enfin, celle de mourir et de sombrer dans l'oubli...

    La Mort est présente tout au long de l'œuvre, symbolisée notamment par le crocodile-horloge, la plus grande terreur de Crochet, mais aussi celle de Peter, et en cela ils se ressemblent, mais ce n'est pas le moindre de leurs points communs, bien que le plus évident. La thématique de l'oubli, récurrent chez Peter, est elle aussi un symbole de mort.

    Lorsqu'on connaît un peu mieux la vie de l'auteur, l'on peut alors aussi spéculer sur bon nombre de rapports entre celle-ci et son œuvre.

    Peter Pan semble à la fois incarner David son frère disparu, décédé dans l'enfance et donc enfant éternel, mais aussi le refus de grandir de James lui-même qui, à la perte de celui-ci, a tout fait pour le remplacer auprès de sa mère et lui redonner le sourire, lourde responsabilité qui aura tôt fait de pousser un garçon hors de l'enfance et de ses réjouissances.

    L'œuvre semble explorer aussi le thème de l'importance maternelle, par la présence de ses personnages féminins qui incarnent pourtant différents archétypes inaccessibles à Peter.

    En effet, de Clochette ou Tinn-Tamm, à Wendy et Mrs. Darling en passant par Tiger Lily et les sirènes, sont représentées la femme amoureuse, possessive et jalouse, la tendre compagne à l'instinct maternel surdéveloppé, ou encore la possible amante indépendante.

    Que ce soit Peter Pan ou J.M.Barrie, aucun des deux ne semble avoir la possibilité d'accéder à l'amour, qu'il soit maternel ou passionnel, qu'on le lui refuse ou qu'il s'y refuse, alors que l'amitié est un sentiment auquel ils s'adonneront tous deux avec passion.

    Peter est un personnage très ambigu, c'est pourquoi malgré les apparences, il n'est pas uniquement un conte pour enfants, mais bel et bien le récit précurseur du syndrome de Peter Pan.

    Au-delà de son obstination, son refus catégorique de grandir et de devenir un homme, il n'est pas qu'un enfant joyeux, n'est ni humain ni héros, car il est incapable d'amour, de compassion ou quelque sentiment profond que ce soit.

    Pour lui tout est factice, et ses compagnons de jeu vite oubliés et remplacés par d'autres, ne sont que des faire-valoirs de sa propre gloire.

    Il est plein de sa propre importance, capricieux, vaniteux et parfois même cruel, et au Pays de Nulle-Part, tout, à part lui, est interchangeable. D'ailleurs, lui-même prend la place de Crochet après l'avoir vaincu, et son monde semble une boucle au cœur de laquelle il aura tous les rôles, bons ou mauvais peu importe, tant qu'il en reste le centre.

    « Par la suite, la rumeur courut que la première nuit où il porta ce costume, il resta longtemps assis dans la cabine, le porte-cigare de Crochet aux lèvres, et tous les doigts d'une main repliés, à l'exception de l'index qu'il tenait recourbé en l'air de façon menaçante, comme un crochet. » - Peter Pan -

     

    Le conte fondateur du "garçon qui ne voulait pas grandir" nous révèle de précieux éléments d'analyse sur la délicate transition de l'enfance à la maturité. L'histoire de Peter Pan éclaire en vérité le malaise existentiel de ces adultes atteints, aux dires des psychanalystes, du "complexe de Peter Pan"...

    Mais, au-delà de chaque analyse passionnante que l'on pourrait faire de cette œuvre dont la profondeur est une multitude de miroirs aux reflets innombrables, Peter Pan reste, dans nos cœurs, l'incarnation même de l'enfant éternel qui demeure en nous, auquel nous pourrons toujours faire appel lorsqu'il nous prend le besoin de rêver et de nous évader, et avec lequel s'envoler loin, vers les étoiles au Pays de Nulle-Part.

     

    Drôle, décalé, profond et féerique, plongez au gré de ces pages et vous découvrirez un Peter Pan comme vous ne l'auriez jamais imaginé.

     

     

     

     

    Lully.©


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