• Inachevés.

    - Möman...J'ai perdu mes idées! -
  • J'avais une idée précise en commençant à écrire ce texte, il y a quelques années, mais au fil des mots, l'idée elle-même s'est perdue, et je n'ai encore jamais réussi à en faire quelque chose.
    J'y pense souvent, peut-être un jour l'étincelle reviendra - t'elle pour qu'ensemble nous en fassions une histoire!


    Loreleï



    Des images me reviennent de nulle part, d'un passé qui n'est plus qu'un ailleurs effacé de l'univers...

    Une terre ensevelie au plus profond de ma mémoire, qui n'existe sans doute plus que pour moi, depuis bien des années...

    Les ronces auront tenté, tant bien que mal, la recouvrir, la dévorer pour ne plus rien en laisser, mais la voilà encore, subsistante, plus forte que toutes les réalités...

    Par le rêve, elle se fraie un chemin pour exister de nouveau... mais le rêve est lui-même une terre ensevelie, une terre qui ne peut déborder jusqu'au réel...

    ***

    Un soir d'été... Au cœur du songe.

    La nuit n'est pas encore tombée, mais le clair de lune transperce déjà les cieux comme voulant éclipser plus vite le soleil couchant, comme à dire "Il est l'heure, c'est mon temps!"...

    Là haut, les nuances se succèdent, de bleu vers gris, de gris vers roux, de roux vers rose, de rose...Ombres irisées aux teintes indescriptibles...

    L'air du soir est parfumé de senteurs florales, de l'odeur de terre, humide de la chaleur du jour passé. Les sens en éveil, Loreleï flâne au gré des pensées...

    Elle n'est pas triste Loreleï...Elle n'est pas seule, sur le chemin... Son Ombre se profile à ses côtés, ou devant elle, ou encore, en retrait, éthérée compagne qui jamais ne l'abandonne.

    Et parfois, quelque chose passe entre elles, un accord, une harmonie. "Allons par là, Amie..."...

    Et sans prononcer un mot, leurs pas se suivent encore.

     

    Loreleï avance, à pas de velours, à pas invisibles, à pas silencieux...Ses petits pieds semblent à peine effleurer le sol, elle est la légèreté, elle est l'envol, elle est la grâce insaisissable.

    Elle tourne là, à la clairière, frôle les troncs, et les branches se tendent comme pour la caresser, osant à peine l'effleurer, mille mains ouvertes pour se saisir de la beauté...

    Et l'Ombre est là...cajolante compagne qui s'enfuit à sa suite.

     

    Sélène grandit, sa victoire est totale, elle a ravit les cieux à l'arrogant soleil.

    Pleine, rousse, douce et ronde, elle baigne ses courbes à l'eau du ruisseau, où l'admirent en secret les deux sœurs Légèreté.

    Loreleï, aérienne, telle un souffle, pénètre au cœur de l'eau, et l'onde s'agite à peine. Nature indomptée, Nature apaisée.

    L'Ombre, indépendante comme elle le décide parfois, n'a pas envie d'un bain, et s'étire alors, s'étiole, jusqu'au tronc le plus proche.

    Plus qu'une mince arabesque la relie à sa sœur. Elle se laisse aller à l'arbre, et se mêle à l'écorce, se nourrissant ainsi d'un peu de son essence.

    A l'Eau, s'endort Loreleï...Au Saule, Ombre se fond.

    ***

    Le matin vient me tirer du pays d'Onirie.

    De la main, j'effleure mes yeux, pas même étonnée d'y sentir quelques larmes.

    Le cœur pourtant léger, je me lève. Peut-être le fluide lacrymal refleurira-t'il la terre endormie?

    Le soleil hivernal darde ses rayons glacés sur la fenêtre, contraste frappant d'avec la chaleur de mes songes.

    La journée s'annonce calme, propice à s'y replonger.

    Chaudement vêtue, je me décide à sortir, prise de l'envie de déambuler par les rues.

    La ville est encore endormie, seuls quelques solitaires croisent mon chemin, les uns les autres entiers à nos pensées.

    Le sol pavé est parsemé de flaques ; il aura plu cette nuit...

    Dans l'une d'elle, j'aperçois le reflet d'un arc-en-ciel qui déjà, s'évapore.

    Voilà que de nouveau, je me sens transportée...

    ***

    A l'Aube... Sur l'Arc-en-ciel.

    Là, en haut du spectre aux sept couleurs, Ange s'assoit.

    Sourire aux lèvres, les jambes pendantes, il prépare son filet pour la pêche matinale.

    De quoi sera son déjeuner aujourd'hui?

    D'un papillon aux ailes laiteuses? D'un poisson argenté à la fraîcheur exquise? D'une brise d'été au doux parfum fleuri?

    Peu importe, après tout...Ce qu'offre Onirie toujours aura le goût le plus exquis...

    Ange lance son filet au loin, et Ange rit.

    Sa voix s'envole parmi les nuages, belle et grave, douce et fluide, portée vers d'autres cieux par le souffle du vent.

    Rêveur, sur l'Arc-en-ciel, il attend.

    Rien n'est jamais pressé pour qui a le temps comme allié...

    Attachant l'anse du filet à sa cheville, Ange s'allonge sur le lit azuré.

    Entre ses mains, il tient une lyre et joue. Ses longs doigts effilés caressent les cordes fines.

     

    Le temps file et le filet semble toujours aussi léger...

    Ange laisse aller sa voix, accrochée aux nuages, la mélopée s'enfuit.

    En bas, dans l'herbe, des pensées naissent...

    Il est le sage, il est le temps. Il est la joie, son messager.

    Du doigt, il esquisse des traits, ceux d'un visage, ceux d'une amie.

    Admiratif, il perd son regard parmi les doux sillons qu'il a tracé, les voyant peu à peu se détacher, s'effacer au gré du vent.

    Les notes chantées s'attardent encore autour de lui, ode à la félicité, à la sérénité.

     

    Ange, messager du rêve. Il imagine et crée.

    Tous les jours, comme d'une boule d'argile, il façonne la réalité.

    Tous les jours, il donne vie à nos songes, nos pensées, nos espoirs...

    Pourtant, Ange, lui aussi, a un rêve.

    Des images viennent enivrer son esprit, aériennes, éthérées, insaisissables...

    Toujours, elles lui échappent, et Ange désespère à la pensée que jamais elles ne prennent forme.

    Alors, au désespoir, Ange se transforme.

    Son visage, de douceur incarnée devient terreur informe.

    L'Arc-en-ciel se fond en mont Douleur, et la lumière s'enfuit...

    Sa voix, de langueur passionnée éclate en hurlement déchiré, dévasté, difforme... Elle croît, et croît encore.

    Mille cris viennent percer l'univers, les songes se désagrègent, les cauchemars font siège au fond de tout esprit.

    En bas, dans l'herbe, les pensées meurent...

    Au désespoir, il est la peur... Au désespoir, Ange se perd. 

     



    Lully. ©



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  • Un jeu du chat et de la souris entre deux étranges personnages qui n'auraient pas du se rencontrer ainsi. Texte datant lui aussi de 2002, je n'ai malheureusement jamais encore réussi à y apporter la touche finale, bien que je sache depuis toujours comment terminer l'histoire. Je ne trouve pas les mots pour le faire. Alors en attendant, imaginez la votre! ;)


    La Petite Mort 



    La petite Mort se lève et s’en va balader

    Ses maux intemporels et sa mine blafarde

    Au moment où le glas a cessé de sonner…

    Et oui !même la faucheuse a droit à son congé !

    De ses orbites vides fouille l’humanité

    Se demandant quelle âme voudra bien lui parler.

    Au détour d’une rue, elle rencontre un vieillard

    Niché dans des cartons, le nez dans son pinard

    Qui balbutie, argote, d’une voix fatiguée

    Les mots, mille et légions, d’un homme désincarné…

    La dévoreuse Dame, drapée de ses ténèbres

    De ses lèvres l’effleure, silencieuse et superbe.

    Frissonnant, il s’exclame :

    « Ce baiser sur mon âme ! Mon heure est donc venue ?

    Ou ai-je encore trop bu de ce nectar infâme ?! »

    S’élève alors la voix, caverneuse et sans âge :

    « Ton heure est loin encore, mais tu m’as démasquée,

    Je suis bien le passeur qui viendra te chercher.

    Ce soir, j’aspire seulement à un peu d’amitié,

    Voudras-tu, s’il te plaît, partager ce breuvage ? »

    Vous le croirez ou non, mais tandis que la lune s’élève dans les cieux

    Le clochard et la Mort, compères improbables,

    Grattent une guitare en jouant les amoureux !

    Aux rires suivent les larmes,

    Aux larmes suivent les chants,

    Et l’ivresse grandissant, les heures se succèdent…

    C’est à l’unique instant, un millième de seconde,

    Où l’aube et l’ombre enfin, se rencontrent et succombent

    Qu’un gouffre intemporel, apparu de nulle part

    Ecartèle la terre et sonne le départ…  




    Lully. ©



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