• Non, je ne suis pas morte!!
    Non, je ne vous oublie pas!!!
    C'est promis, j'essaierai de vous écrire une petite bafouille très prochainement...
    Alors, s'il vous plaît, vous non plus, ne m'oubliez pas!

    * Une petite Lutine overbookée qui pense pourtant bien à vous *
    * Pirouette ensommeillée *. 



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  • Les Coloriés

    Alexandre Jardin

     

     

     

    Note de l'éditeur :

     

    Un monde sans adultes est possible. À des milliers de kilomètres de la France vit un peuple qu'aucune carte n'a jamais répertorié : les Coloriés. Turbulents, sincères et gobeurs d'instants, ils vivent dans un univers sans adultes où l'enfance et le jeu sont devenus une culture à part entière.
    En 2003, l'ethnologue Hippolyte Le Play rencontre à Paris Dafna, une jeune et ravissante représentante du peuple colorié. Imprévisible, gouvernée par ses émotions et ses désirs fantasques, cette «grande petite fille» le bouleverse immédiatement. Mais les Coloriés ne sont pas oiseaux que l'on apprivoise facilement. Et voilà Hippolyte embarqué dans une course-poursuite imprévue qui l'entraînera bien loin de chez lui.
    Avec ces Coloriés et leur fantaisie tendre et espiègle, l'auteur du Zubial et du Zèbre nous offre là son roman le plus déroutant et le plus drôle. Une véritable invitation à se hisser à la hauteur si dépaysante de l'enfance.

     

     

    Quelques mots sur l'auteur :

     

    Alexandre Jardin est un auteur et cinéaste français âgé de 44 ans.

    Ses principaux thèmes en tant qu'écrivain sont l'amour à la Feydeau, proche du vaudeville, et la pédagogie.

    Il aborde la peur de la monotonie et le regain de la flamme amoureuse, et il a aussi la particularité remarquée de mettre souvent en scène des enfants émerveillés.

    A propos de son roman Les Coloriés, il déclare qu'au-delà de la fable c'est surtout « une rébellion radicale contre l'univers « sérieux », terrifiant, dans lequel nous somnolons. Ce livre invite chacun de nous à réveiller sa part la plus authentique, à tourner le dos à cette société « raisonnable » qui aspire en permanence à la « cohérence ».

     

     

    Mes impressions :

     

    Au départ, Les Coloriés sont en fait deux romans pour deux âges de lecteurs.

    La révolte des Coloriés est un roman pour la jeunesse qui démarre en 1980, alors que Les Coloriés commence en 2003 et s'adresse cette fois-ci aux adultes.

    Pourtant, j'étais persuadée avant que ne débute ma lecture, que j'allais ouvrir moi aussi un roman destiné à la jeunesse, qui n'est pas une littérature qui me rebute, au contraire, mais à laquelle ne va pas pour autant ma préférence.

     

    Ma deuxième crainte, à la lecture de la quatrième de couv', était de découvrir avec horreur une espèce de pastiche de Sa Majesté des Mouches, de William Golding , que j'avais adoré petite.

     

    Et bien, quelle joie de voir, dès les premières pages, mes peurs aussitôt balayées.

    On est bien loin du ton grave de Golding et d'une histoire qui serre le cœur par sa dureté, pourtant, au-delà du ton léger d'Alexandre Jardin et de ses protagonistes, on n'est guère non plus au beau milieu d'une simple fable enfantine emmitouflée dans un bonheur sans enjeu.

    Derrière les pitreries, l'humour et les situations cocasses, derrière même le fol espoir que fait renaître en nous la beauté d'une pure Authenticité qui n'est jamais surjouée, c'est bien au cœur d'une satire à la portée philosophique que nous nous sommes plongés.

     

    En nous offrant la vision d'une société utopique fondée sur l'Enfance et sa spontanéité, son naturel, Alexandre Jardin nous renvoie en pleine poire les codes de la nôtre, « adultienne », guindée, étriquée même, où l'on nous formate dès la naissance et où l'on nous apprend un maintien, une façon de se tenir, qui nous mène à nous retenir.

    Me vient l'image de ces femmes d'ailleurs, qui à la mort d'un proche, se jettent sur le cercueil, hurlent leur douleur et se laissent choir quand nous ne sommes pas même toujours capables d'une moindre larme...

    Nos chagrins comme nos joies s'éteignent finalement, étouffés par la « bienséance » qui nous enseigne à les contraindre, au point de ne plus savoir les ressentir parfois, au risque de n'être plus que des coquilles vides.

    Les Coloriés est un livre qui nous pousse à réfléchir, notamment sur l'éducation que l'on donne à nos enfants, le sérieux que nous leur imposons, nos contacts humains, le rôle que chacun d'entre nous adopte en société et qui finit par nous englober tout à fait...

     

    C'est avec une facilité déconcertante que l'auteur nous entraîne de nouveau sur les sentiers de notre enfance, à la redécouverte de notre véritable (é)moi, de nos désirs et de nos émotions, et surtout, il nous insuffle l'envie de faire fi de nos carcans sociaux, de dire merde aux idées reçues, et d'envoyer valser au loin ces comportements aseptisés que l'on nous aura de tout temps imposés.

    Alexandre Jardin s'amuse, se et nous fait plaisir, « jouaille » avec les mots au gré de ses envies. Alors, malgré quelques longueurs et quelques répétitions que le sens profond du texte nous pousse à ignorer, c'est une véritable bouffée d'air frais et un sourire authentique qu'il nous dessine sur le visage.

     

    Après tout, la vie n'est qu'un jeu dont l'issue reste parfaitement inéluctable, alors, qui, de ceux qui y participent, seront les véritables gagnants?

    Ceux qui sauront la mordre à pleines dents, s'en délecter, redessiner les voies qui s'offrent à eux au gré de leurs envies...

    Sous mes allures de Culottée, c'est bien au fond, une Coloriée , que je suis.

     

     

    Lully.©

     


    Sources :

     

    Wikipédia ; Livre Fnac.com ; Gallimard.fr


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    Mercure

    Amélie Nothomb

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Sur une île au large de Cherbourg, un vieil homme et une jeune fille vivent isolés, entourés de serviteurs et de gardes du corps, à l'abri de tout reflet ; en aucun cas Hazel ne doit voir son propre visage. Engagée pour soigner la jeune fille, Françoise, une infirmière, va découvrir les étranges mystères qui unissent ces deux personnages. Elle saura pourquoi Hazel se résigne, nuit après nuit, aux caresses du vieillard. Elle comprendra au prix de quelle implacable machination ce dernier assouvit un amour fou, paroxystique... Au coeur de ce huis clos inquiétant, la romancière du Sabotage amoureux et d'Attentat, retrouve ses thèmes de prédilection : l'amour absolu et ses illusions, la passion indissociable de la perversité.

     

     

    Extraits :

     

    «L’amour n’est pas la spécialité des humains.»

    «Le silence est plus tapageur que tout.»

    «A quoi serviraient les morts, sinon à aimer les vivants davantage ?»

    «Pourquoi est-il impossible de faire du bien à quelqu’un sans lui faire de mal ? Pourquoi est-il impossible d’aimer quelqu’un sans le détruire ?»

    «Il faut admirer les gens capables d’être heureux.»





    Mes Impressions :



    J'ai eu un peu plus de mal que d'habitude à me plonger dans ce roman d'Amélie Nothomb, mais, la faute ne lui en incombe pas forcément. Il est possible que cela soit simplement venu de moi, qui ai un peu plus de mal à m'évader dans la lecture ces derniers temps.

    Quoiqu'il en soit, il m'aura fallu atteindre presque la moitié du roman, qui est pourtant court, pour me laisser véritablement embarquer dans l'histoire, alors que celle-ci possède pourtant tous les éléments nécessaire à nous intriguer, nous emporter au gré d'un univers mystérieux à la limite de l'improbable.

    Et pourquoi avoir eu tant de mal à me laisser emmener, alors qu'au final, j'ai adoré...?

    Une fois encore, on est amené ici à rencontrer des personnages étranges, presque malsains aux mœurs plus que répréhensibles bien qu'inspirées par l'amour le plus maladif qui soit, ce pour quoi on serait presque prêts à tout leur pardonner, si tant est que l'on ait pu ressentir quelque colère envers eux... Mais non, même pas! Si Amélie a bien un talent indéniable (non pas qu'elle n'en ait qu'un), c'est celui de nous faire vivre quelques heures en pleine déroute, auprès de personnages plus pervers les uns que les autres, sans que l'on soit capable de ressentir pour eux ni dégout ni attachement, et pourtant, des émotions, des sentiments, on s'en prend plein la caboche tout au long du récit, sans que je puisse pour ma part mettre des mots sur ceux-ci.

    L'Auteur sait une fois de plus nous rendre sadiques, glacials et calculateurs tout comme ses protagonistes, mais cela sans que l'on en éprouve le moindre remord.

    Toujours est-il que c'est bien d'une histoire d'amour qu'il s'agit, ici.

    L'on y retrouve bien entendu le goût d'Amélie pour un amour différent, pervers, à la limite du compréhensible, mais pour lequel on reste prêt à tout, même/surtout au pire.

    Reste le plaisir de savourer sa plume toujours acérée, sa culture littéraire impressionnante qui sert l'histoire avec brio, tout comme les livres qui permettent ici à Françoise de s'évader, dans tous les sens du terme.

    Mercure possède deux fins, quel luxe! Et pour ma part, je préfère sans contexte la deuxième, car, lorsque l'on aime Nothomb, c'est aussi/surtout pour la facilité avec laquelle elle se joue de notre curiosité malsaine et nous fait plonger avec délectation dans ses délires toujours teintés de sordide. La première, espèce d' « happy end » m'aura presque laissé le goût d'une trahison, le sabordage de tout un récit dont on attend bien plus,mais heureusement, la fin alternative vient tout rattraper, nous offrant le final tant escompté au lieu d'un autre qui sonne faux.

    "J'adore votre façon de raconter de jolies histoires pour ensuite en poignarder la poésie" : ces quelques mots de Françoise pour Hazel illustrent à merveille la façon d'écrire l'amour de notre Amélie, pourvu qu'elle ne cesse jamais de nous brutaliser de sa plume délicieusement acérée.





    Lully.©

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    Stupeur et Tremblements

    Amélie Nothomb

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Stupeur et Tremblements est un récit autobiographique.

    Au début des années 1990, la narratrice est embauchée par Yumimoto, une puissante firme japonaise. Elle va découvrir à ses dépens l'implacable rigueur de l'autorité d'entreprise, en même temps que les codes de conduite, incompréhensibles au profane, qui gouvernent la vie sociale au pays du Soleil Levant.

    D'erreurs en maladresses et en échecs, commence alors pour elle, comme dans un mauvais rêve, la descente inexorable dans les degrés de la hiérarchie, jusqu'au rang de surveillante des toilettes, celui de l'humiliation dernière.

    Une course absurde vers l'abîme – image de la vie - , où l'humour percutant d'Amélie Nothomb fait mouche à chaque ligne.

    Entre le rire et l'angoisse, cette satire des nouveaux despotismes aux échos kafkaïens a conquis un immense public et valu à l'auteur d'Hygiène de l'assassin le Grand Prix du roman de l'Académie française en 1999.

     

     

    Extrait :

     

    « Il fallait que je lui donne accès au paroxysme de l'extase.

    Dans l'ancien protocole impérial nippon, il est stipulé que l'on s'adressera à l'Empereur avec « Stupeur et Tremblements ». J'ai toujours adoré cette formule qui correspond si bien au jeu des acteurs dans les films de samouraïs, quand ils s'adressent à leur chef, la voix traumatisée par un respect surhumain.

    Je pris donc le masque de la stupeur et je commençai à trembler. Je plongeai un regard plein d'effroi dans celui de la jeune femme et je bégayai :

    - Croyez-vous que l'on voudra de moi au ramassage des ordures?

    - Oui! Dit-elle avec un peu trop d'enthousiasme.

    Elle respira un grand coup. J'avais réussi. »

    Stupeurs et Tremblements – Amélie Nothomb.

     

     

    Mes Impressions :

     

    Qui n'a jamais entendu parler d'Amélie Nothomb, à défaut de l'avoir lue? ...

    La jeune auteur n'est pas un phénomène pour rien, avec un parcours atypique, riche en expériences et émotions, et surtout, une plume acérée à l'humour et au cynisme dévastateurs qui vous conquit ou vous laisse froid.

    Pour ma part, c'est conquise que j'avais déjà reposé Hygiène de l'assassin, et à présent Stupeur et Tremblements.

    Tout au long du récit , Amélie nous entraîne avec elle au cœur du monde de l'entreprise nippone, qui apparaît cruel et parfaitement improbable à des profanes occidentaux tels que nous qui n'y avons jamais mis les pieds, et disons-le, n'en avons guère l'envie après cette lecture où l'on navigue perpétuellement entre le rire, l'angoisse et le dépit.

    On accompagne cette narratrice à l'esprit aiguisé comme des lames qui se voit chaque jour rabaissée au rang d'incapable, par des supérieurs intransigeants qui se font le reflet d'une conduite et d'un comportement formaté et doutent à chaque instant de ses capacités intellectuelles et mentales.

    Narratrice, qui, loin de s'en formaliser, se soumet et observe à la lettre une rigueur qui ne lui sied guère, alors que dans son esprit bouillonnent une analyse et des idées toujours plus percutantes qu'elles sont énoncées avec un humour incisif et une vérité crue qui n'en reste pourtant pas moins poétique.

    Stupeur et Tremblements, c'est un vécu et la vision d'un univers qui, qu'il nous soit étranger ou non, nous est superbement partagé par un esprit vif et acéré mais jamais mesquin ; c'est la désillusion d'une femme à propos d'un pays longuement idéalisé où elle rêve de retourner mais dont l'accueil ne sera guère celui d'une héroïne; c'est encore ici l'illustration des écarts de culture et de mode de vie entre occidentaux et orientaux, où les employés s'oublient dans un désir de perfection au détriment de leur individualité mais au profit de l'entreprise qui n'hésite pourtant pas à mettre à l'écart et même frapper d'ostracisme sans toutefois les licencier, les éléments jugés incapables qui devront partir d'eux-même en sacrifiant leur honneur.

     

    C'est une œuvre que l'on dévore, où la vivacité, l'humour et l'intelligence font mouche à chaque phrase, piquant notre curiosité pour notre plus grand plaisir.

     

     

     

     

    Lully.©


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    Peter Pan

    James Matthew Barrie

     

     

     

    Quatrième de couv' :

     

    Peter Pan est un garçon bien étrange. Il est vêtu de feuilles, ne connaît pas son âge, et ignore ce qu'est un baiser. Wendy est intriguée par ce petit bonhomme qui lui rend visite la nuit, accompagné d'une lumière tintinnabulante nommée Clochette. D'où vient-il donc ? «Je me suis enfui le jour de ma naissance», répond Peter Pan. «Je ne veux pas devenir un adulte, alors depuis, je vis au pays des fées. Sais-tu d'où viennent les fées ? Lorsque le premier de tous les bébés se mit à rire pour la première fois, son rire se brisa en milliers de morceaux, et chaque morceau devint une fée.» Wendy et ses deux frères, John et Michael, n'hésiteront pas bien longtemps à suivre Peter Pan et Clochette sur l'Île merveilleuse, au pays de l'Imaginaire...

     

     

    Du créateur à son personnage :

     

    L'auteur de Peter Pan, l'écrivain écossais J. M. Barrie, ressemble beaucoup à son personnage. Toute sa vie, il s'est accroché au monde imaginaire de son enfance.

    Peter Pan, symbole de l'enfance éternelle, doit peut-être sa célébrité planétaire à l'inoubliable dessin animé de Walt Disney, sorti en 1953. Mais sa première apparition eut lieu sur la scène d'un théâtre londonien, en 1904... Son vrai créateur se nomme James Matthew Barrie (1860-1937), écrivain et dramaturge écossais d'origine modeste. Au physique, Barrie était un farfadet d'un mètre cinquante - il fut bel et bien le premier Peter Pan !

    Lorsque l’on s’intéresse à ce garçon qui ne voulait pas grandir, dans le Pays de Nulle Part, et que l’on retourne au texte de James Matthew Barrie, on découvre un récit d’une grande richesse - que l’on peut lire et qui a été lu à plusieurs niveaux y compris par des psychanalystes - et un écrivain à l’imagination féconde, hanté par des fêlures d’enfance.

    Toute sa vie, celui-ci s'est en effet désespérément accroché au monde imaginaire de l'enfance.

    Il naît le 9 mai 1860 à Kirriemuir, un petit village écossais du comté d’Angus. Il est le neuvième enfant de David Barrie, un modeste tisserand, et de Margaret Ogilvy, une femme fantasque qui voue un amour exclusif à l’un de ses autre fils, David, né en 1853, délaissant donc les autres.
    James est un garçon plutôt fluet dont la tête paraît très grosse par rapport au corps. Il a pourtant des traits fins, des cheveux noirs et des yeux clairs très enfoncés dans leurs orbites.
    Margaret est une lectrice passionnée et, chaque soir, elle lit des histoires à ses enfants et à son mari, surtout des romans d’aventures dont elle raffole. C’est ainsi que James rêve, voyage en imagination et emmagasine de la matière qu’il réutilisera par la suite dans son œuvre littéraire.

    Son enfance est marquée à jamais par un drame : en janvier 1866, son frère David meurt d’une chute sur la glace. Margaret, ayant perdu son fils préféré, se retranche alors dans sa douleur, hors du monde et elle a bien du mal à s’occuper des autres, dont James qui, lui, est bien vivant. Le garçon se réfugie alors dans le rêve et le monde de la fantaisie.

    Pour Andrew Birkin, auteur de J. M. Barrie and the Lost Boys, « Si Margaret Ogilvy trouvait du réconfort dans l'idée que David en mourant enfant, resterait un enfant à jamais, Barrie y trouva son inspiration. »

    A la fin de ses études en 1882, James décide de se consacrer entièrement à l’écriture. Il s’installe à Londres en 1885 et poursuit son activité journalistique. Il publie une chronique sur la vie de la communauté religieuse de son village natal, Communaute Auld Licht. Cette chronique très humoristique qui démontre d’une réelle faculté d’observation, remporte un vif succès auprès d’un public anglais avide d’exotisme. Il publie ensuite des romans : Better Dead, en 1877, A Windows in thrums, en 1878, Auld Licht iddylls, en 1888, et The Little minister, en 1891. Ce dernier roman connaît le succès, tant chez le public londonien que dans la critique, ce qui permet désormais à Barrie de vivre très confortablement de sa plume ; il s’installe alors dans un appartement cossu de Kensington. Il continue néanmoins à écrire, se lançant dans le théâtre.

    Barrie se réfugie dans le travail, fait de longues promenades mélancoliques avec son chien Porthos dans les beaux Jardins de Kensington où l’homme et le chien sont connus de tous les enfants.

    En 1898, James M. Barrie est un auteur très connu et estimé en Angleterre. C’est à cette époque de notoriété qu’il fait la connaissance de la famille Llewelyn-Davies. Arthur, le père, est un jeune avocat au brillant avenir ; Sylvia, la mère, est une très belle femme avec laquelle Barrie restera très lié jusqu’à la fin de sa vie.

    Le couple a trois garçons, Georges, Jack et Peter. Barrie tombe rapidement sous le charme de Sylvia et de ses garçons, auxquels il rend visite presque tous les jours et pour lesquels il invente toutes sortes d’histoires. C’est pour eux qu’il écrit le conte Le Petit oiseau blanc, centré sur l’idée poétique et mélancolique qu’à leur naissance, les enfants sont d’abord des oiseaux et qu’ils perdent ensuite leurs ailes. On trouve déjà dans ce texte toute la matière de Peter Pan, où il apparaît d'ailleurs pour la première fois au moment de sa naissance.Deux autres garçons naissent un peu plus tard : Michaël et Nicholas.

    La pièce Peter Pan est créée le 27 décembre 1904, au Duke of York. Il s’agit d’une féérie en cinq actes : La Nursery – Le Pays imaginaire – Le Lagon aux sirènes – La maison souterraine – Le bateau pirate. Elle comporte un dispositif scénique très compliqué et une distribution impressionnante : la famille Darling, Peter, la fée Clochette, les Enfants perdus, les pirates et le capitaine Crochet, deux Peaux-Rouges, des Belles-mamans, un crocodile, une autruche, une meute de loups ! La pièce est un véritable triomphe, aussi bien en Angleterre qu’aux Etats-Unis où elle sera créée plusieurs mois plus tard. Pendant de longues années, la pièce est reprise à Londres, toujours avec le même succès.

    Sa fortune est désormais considérable et il est fait baronnet de Sa Majesté le roi George V en 1913. Entre temps, il a perdu sa chère amie Sylvia en août 1910, qui n’a pas résisté à la mort de son mari quelques mois auparavant. James M. Barrie devient alors officiellement le tuteur et le père des cinq garçons Llewelyn-Davies, ce qu’il souhaitait depuis longtemps.
    En mars 1915, Georges, l’aîné des garçons, meurt à la guerre. En 1921, Michaël se suicide par noyade avec son ami ; les journaux londoniens titrent à cette occasion sur la disparition tragique de «
    l’un des garçons ayant inspiré à Sir James Barrie son Peter Pan ».
    Très affaibli et désespéré par ces drames et par des bronchites chroniques dues à l’abus de tabac, sa «
    Lady Nicotine » comme il l’a appelée tout au long de sa vie, Barrie meurt en 1936.

     

    Et Peter Pan ?

    Voici ce qu’écrivait Barrie lui-même pour le programme de Peter Pan lors de sa représentation à Paris en 1908 : « Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir est une pièce pour enfants et pour ceux qui autrefois l’ont été, écrite par un auteur qui entend rester un enfant. Tout au long de notre enfance, nous prétendons tous les jours être des pirates ou des Peaux-Rouges ou des mamans et toutes les nuits nous rêvons encore de ces mêmes rôles. Mais il y a surtout une étrange et magique demi-heure, entre le jour et la nuit, entre la veille et le sommeil, quand l’enfant, les yeux grands ouverts dans son lit, voit le jeu et le rêve se fondre en un, un monde de l’imagination devenir réalité. C’est cette demi-heure que la pièce tente de recréer. »



    Sources : Wikipédia ; Sitartmag.com



    Mes Impressions :



    Peter Pan est une lecture sublime, intemporelle, qui nous entraîne bien au-delà du conte mais bien dans la réflexion philosophique, l'univers du rêve et de l'enfance, mais aussi au cœur des doutes et des peurs adultes : celle de grandir, de perdre son âme d'enfant, mais aussi celle de vieillir, et enfin, celle de mourir et de sombrer dans l'oubli...

    La Mort est présente tout au long de l'œuvre, symbolisée notamment par le crocodile-horloge, la plus grande terreur de Crochet, mais aussi celle de Peter, et en cela ils se ressemblent, mais ce n'est pas le moindre de leurs points communs, bien que le plus évident. La thématique de l'oubli, récurrent chez Peter, est elle aussi un symbole de mort.

    Lorsqu'on connaît un peu mieux la vie de l'auteur, l'on peut alors aussi spéculer sur bon nombre de rapports entre celle-ci et son œuvre.

    Peter Pan semble à la fois incarner David son frère disparu, décédé dans l'enfance et donc enfant éternel, mais aussi le refus de grandir de James lui-même qui, à la perte de celui-ci, a tout fait pour le remplacer auprès de sa mère et lui redonner le sourire, lourde responsabilité qui aura tôt fait de pousser un garçon hors de l'enfance et de ses réjouissances.

    L'œuvre semble explorer aussi le thème de l'importance maternelle, par la présence de ses personnages féminins qui incarnent pourtant différents archétypes inaccessibles à Peter.

    En effet, de Clochette ou Tinn-Tamm, à Wendy et Mrs. Darling en passant par Tiger Lily et les sirènes, sont représentées la femme amoureuse, possessive et jalouse, la tendre compagne à l'instinct maternel surdéveloppé, ou encore la possible amante indépendante.

    Que ce soit Peter Pan ou J.M.Barrie, aucun des deux ne semble avoir la possibilité d'accéder à l'amour, qu'il soit maternel ou passionnel, qu'on le lui refuse ou qu'il s'y refuse, alors que l'amitié est un sentiment auquel ils s'adonneront tous deux avec passion.

    Peter est un personnage très ambigu, c'est pourquoi malgré les apparences, il n'est pas uniquement un conte pour enfants, mais bel et bien le récit précurseur du syndrome de Peter Pan.

    Au-delà de son obstination, son refus catégorique de grandir et de devenir un homme, il n'est pas qu'un enfant joyeux, n'est ni humain ni héros, car il est incapable d'amour, de compassion ou quelque sentiment profond que ce soit.

    Pour lui tout est factice, et ses compagnons de jeu vite oubliés et remplacés par d'autres, ne sont que des faire-valoirs de sa propre gloire.

    Il est plein de sa propre importance, capricieux, vaniteux et parfois même cruel, et au Pays de Nulle-Part, tout, à part lui, est interchangeable. D'ailleurs, lui-même prend la place de Crochet après l'avoir vaincu, et son monde semble une boucle au cœur de laquelle il aura tous les rôles, bons ou mauvais peu importe, tant qu'il en reste le centre.

    « Par la suite, la rumeur courut que la première nuit où il porta ce costume, il resta longtemps assis dans la cabine, le porte-cigare de Crochet aux lèvres, et tous les doigts d'une main repliés, à l'exception de l'index qu'il tenait recourbé en l'air de façon menaçante, comme un crochet. » - Peter Pan -

     

    Le conte fondateur du "garçon qui ne voulait pas grandir" nous révèle de précieux éléments d'analyse sur la délicate transition de l'enfance à la maturité. L'histoire de Peter Pan éclaire en vérité le malaise existentiel de ces adultes atteints, aux dires des psychanalystes, du "complexe de Peter Pan"...

    Mais, au-delà de chaque analyse passionnante que l'on pourrait faire de cette œuvre dont la profondeur est une multitude de miroirs aux reflets innombrables, Peter Pan reste, dans nos cœurs, l'incarnation même de l'enfant éternel qui demeure en nous, auquel nous pourrons toujours faire appel lorsqu'il nous prend le besoin de rêver et de nous évader, et avec lequel s'envoler loin, vers les étoiles au Pays de Nulle-Part.

     

    Drôle, décalé, profond et féerique, plongez au gré de ces pages et vous découvrirez un Peter Pan comme vous ne l'auriez jamais imaginé.

     

     

     

     

    Lully.©


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