• Suite à la lecture du Chant I de Sillah et l'Aimé, un ami proche m'envoya quelques mots de sa composition qui furent le prélude au Chant II que nous travaillâmes alors ensemble, et que je vous offre ici.
    Je le remercie, une fois de plus, pour son inspiration et son soutien inestimable qui aidèrent à nourrir la mienne et permirent d'amener une touche finale à l'histoire première de ces deux personnages.
    Bisous à mon Losty, qui ne perdra jamais le chemin vers mon cœur.

    Sillah et l'Aimé - Chant II

    (Co–écrit par et sur une idée de Mehdi Mhalla)


    De Sillah il n’est plus rien, 
    Et l’Aimé est resté là. 
    Ceux qui Charybde ont passé 
    Ont fini par succomber 

    S’il est des blessures qui se referment 
    Il en est d’autres qui restent là 
    A cœur ouvert il erre encore 
    A corps sanglant dans la douleur 
    Il n’espère plus aucune lueur, 

    [...]

    - Elle est plus là…

    [...]

    - Elle est partie…

    [...]

    - Je suis seul...
    [...] 
     

    -Seul...

    [...]

    - Tout est fini....

    [...]

    Silence encore, enfin dehors, tout en lui hurle à l’agonie 
    Peine, douleur, remords aussi, se jouent gaiement de son esprit 
    Pauvre brindille ballotée, qui crisse qui hurle et qui gémit 
    Il est à genoux, il n’en peut plus, il implore grâce, 
    Des rires au loin... 
    Satanée brume partout autour. 

    Dans le délire de ses pensées, il le voit, cet aigle affamé 
    venir encore, venir toujours, lui parler de son bel amour 
    Il ne sent plus que la douleur ; dévorer même, il ne sait plus
    et quand au bout de tant de peine, son corps enfin, las, dépérit 
    une pensée nette enfin se forme entre les miettes de son esprit : 

    - Enfin …   
     



     

    Lully.  ©



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  • J'adore le principe du cadavre exquis, plus généralement connu en dessin, mais depuis des années, j'aime à l'employer dans l'écriture, et sautiller d'impatience avant la découverte du résultat final.
    Plus le nombre de mains et donc, de têtes pensantes, est élevé, plus généralement cela risque de donner un texte sans queue ni tête, mais réellement drôle parfois.
    Au contraire, à deux seulement, et d'autant plus si ces personnes sont proches et se ressemblent, on a parfois alors de belles surprises, et c'est ce que j'adore, un superbe résultat obtenu par partage. :)
    Voilà ce que j'expose ici aujourd'hui, un échange d'idées sans concertation aucune avec cet ami, le co-auteur d'Improvisation Lyrique, que j'embrasse fort, au passage!
    (Chaque changement de main est marqué en allant à la ligne, ce sont les quelques mots que l'un laissait à l'autre chaque fois).


    Cadavre exquis

    L'Ami / Lully


    Dans le sombre matin d'automne,

    Le pigeon à l'ombre mignonne picorait tranquillement les miettes abandonnées deci-delà. Sa robe grise 

    chatoyait au soleil  comme le ciel dans le lointain,

    vibrait de fraîcheur , de celle qu'offrait l'eau du ruisseau aux racines des saules. Le vent, leur complice, agitait leurs branches, faisant se répandre mille gouttelettes, comme 

    les chiens qui s'ébrouent, Et au loin jettent la boue,

    Chinant gaiement.

    Que de joie en effet, que de trésors à dénicher parmi les vieilleries entassées! Un vrai bonheur pour qui se veut explorateur,

    Même d'un jour. Dans la nuit, au loin,

    hurlent les loups.

    Au sein de la forêt, leur meute cavale, à la recherche d'un lieu où s'établir. La lune est pleine, et un observateur aurait l'impression de se trouver en plein rêve, à les voir jouer

    comme des enfants fiévreux. Les mères s'inquiètent,

    elles pleurent , et leurs larmes révèlent la pureté de leur âme, enfouie pourtant si loin en elles auparavant. Comme il est beau de se révéler, de mettre à bas les masques.

    Se mentir à soi-même, Quel dommage... Alors qu'être honnête

    apporte tellement de joie que le cœur semble prêt à déborder, à exploser! Oh comme l'étreinte d'un bonheur peut-être parfois aussi douloureuse 

    que la peine elle -même. Dans le lointain, ça y est,

    le jour se lève, apportant l'espoir d'une nouvelle ère, d'un nouveau temps, où peut-être enfin les choses changeraient... Il est si doux de rêver...

    Je m'endors.  


     

    Lully. ©



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  • Un texte totalement improvisé, alors que je discutais sur msn avec un ami très proche.
    Nous délirions comme à notre habitude, ensemble, et ainsi, sans se concerter,nous nous sommes mis à débiter cette prose, chacun notre tour, répondant à l'autre.
    Moment inoubliable, cher à mon coeur. Ainsi est né ceci.

    Improvisation Lyrique

    L'Ami. / Lully.

     

    Je t'emmènerai de manière innocente et bucolique dans une forêt calme, comme on en trouve sûrement quelques-unes dans le monde... Et il y aura une jolie étendue d'eau claire, et des racines tendues vers le ciel, rendues lisses par l'érosion.

    Et donc, je m'éclipserai sur un prétexte quelquonque, et il y aura cette voix en toi qui répètera : « comme cette eau est claire, comme elle est attrayante », et tu te déshabilleras, et plongeras, nue, dans l'eau. Tu te baigneras un instant, et moi, je materai tout de mon recoin derrière les fourrés.

    J'aurai revêtu ma peau de Faune (ma peau réelle), et en t'observant je deviendrai tout fou parce que l'on sait que les faunes sont fous des Nymphes des eaux.

    Et donc, tu sortiras des eaux et te sèchera au soleil... Et les racines seront très attirantes (et oui, c'est une clairière magique...), et de nymphe des eaux, tu deviendras nymphe des arbres, Dryade Dryade, tu plongeras vers ces vîts végétaux tendus vers toi... (Magie des faunes).

    Tu offriras ton corps à la nature, et tu diras : « Comme c'est bon d'offrir son corps à la nature! ».

    Et moi je penserai : « je serais plutôt de nature à m'offrir son corps... ».

    Mais au pays des faunes et des dryades, les pensées sont comme les paroles, elles voyagent d'un esprit à l'autre et elles t'atteindront.

    Et là, tu me verras...

    La dryade, émue et fiévreuse déjà, entendant ces pensées venues du tréfonds de l'âme d'un observateur inconnu, s'arrache soudain à ses contemplations, au don qu'elle s'apprêtait à faire à la Nature son aimée...

    Se retournant, elle aperçoit alors cette créature, fougueuse et parfaite incarnation de son amour premier.

    Son cœur, pourtant d'habitude figé au fond de sa poitrine tambourine et martèle sa poitrine, tandis que la sève originelle se met à circuler dans ses veines, battant ses tempes, réchauffant son corps.

    (C'est ailleurs que bat le sang du faune.)

    En le fixant de ses profonds yeux verts, elle s'avance, presque féline, jusqu'au cœur de la clairière, et se couche là, sur un tapis de mousse claire et velours...

    Son corps est encore ruisselant ; est-ce de cet instant, auparavant, où elle était encore Nymphe des eaux? Ou est-ce la fièvre qui prend possession d'elle-même, tandis qu'elle sent l’appel bestial et irrésistible du mâle, qui l'observe?

    Le faune, émergeant à moitié de son fourré, reste ostensiblement à l'écart, observant la dryade.

    Leurs âmes semblent reliées l'une à l'autre...Le moindre frisson de l'un se répercute chez l'autre... Une tempête est à l'œuvre, tempête irréversible, de désir et de chair...  chair végétale, animale et féerique...

    Dans son esprit, des mots, difficilement se forment, échappant un instant à l'instinct primaire qui la possède, pour mieux lui céder ensuite : « Viens...Mon corps est à toi... ».

    Et tu es là... près de Moi.

    La fourrure du faune frissonne, est-ce le fait d'un soudain courant d'air ou celui de l'insatiable désir qui l'attire vers cette créature magique, comme lui? Il a déjà séduit maintes et maintes mortelles mais aucune n'a encore réveillé de tels... Comment appeler cela? ... Il a entendu parler les humains de sen... sang Tymand? Il secoue la tête. « Pas moi, pense t-il à mi-mots, je suis une créature... de désir. ».

    Il s'approche timidement de l'espace à présent plein de mousse dense et humide, tiède et douce, sur lequel est allongée la Dryade.

    Il cache comme il peut, se glissant de fourré en fourré, la colonne de chair dressée devant lui par les forces magiques qui l'ont imaginé à l'aube des temps. Les Dieux ont voulu contenter le premier des faunes, un homme qui n'avait pas la force d'honorer toutes les femmes qu'il souhaitait séduire. Mais le don des Dieux est toujours à double tranchant, et le faune est maintenant encombré plus que comblé par ce vît qui se dresse à la moindre caresse du vent...

    Il glisse de buisson en buisson jusqu'à se tenir derrière l'arbre le plus proche de la dryade alanguie. Il la regarde et éprouve pour la première fois gêne et timidité, pudeur.

    La dryade, son âme et son corps délicieusement emportés par des torrents de sensations qu'elle n'ose pas même nommer, se contorsionne frénétiquement sur ce tapis de mousse...

    Elle ne peut contrôler les différentes facettes qui font ce qu'elle est, tout au fond d'elle, et devant les yeux ébahis du Faune, son corps, à une vitesse déconcertante, prend tour à tour multiples formes...

    En un instant, de dryade la voici fée, puis démon de flamme et de chair; biche essoufflée qui râle au sol; douce brise qui murmure son amour à l'oreille de celui qui est venu éveiller sa vraie nature...

    Le Faune, loin d'être déconcerté par cette manifestation simultanée des multiples et innombrables facettes de la dryade, en ressent davantage encore de désir et ose quelques pas supplémentaires dans sa direction. Il est comme hypnotisé par la beauté de celle qui se révèle ainsi à lui et ne peut empêcher son visage de se transformer, lui aussi.

    Ainsi, sur son corps de Faune, en une infime fraction de seconde, passent les apparences d'un grand ensorceleur, d'un loup gris, d'un corbeau, d'un lutin et d'un gnome. Il est tour à tour ange de Dieu et habitant de Féerie, bébé braillant et vieil homme plein de sagesse. « J'ai été un homme puis un renard, un oiseau, et un poisson, j'ai compris ensuite, et me suis souvenu de ma vraie nature... »

    La litanie si souvent entendue résonne à l'intérieur du crâne du faune et est transmise à toute la nature alentour. Les arbres la transmettent aux oiseaux qui la donnent aux insectes qui l'offrent aux fleurs, qui la disent à la terre qui revient en envelopper le corps tremblant de la dryade.

    C'est toute la vérité du monde, le désir et le plaisir, qui entourent la compagne du faune.

    Celle-ci, dans un brusque sursaut, redresse son buste et regarde en direction de l'être fantastique qui n'est plus qu'à quelques pas...

    Elle se lève, ses jambes chancelant sous le poids de la fureur de ses sentiments, et essaie de recouvrer peu à peu son équilibre.

    D'un regard à la fois sûr, brûlant, et suppliant, elle l'appelle, et tend vers lui une main tremblante.

    Le Faune tend la main vers elle, leurs doigts ne sont qu'à une dizaine de centimètres...

    Un éclair passe entre leurs mains, aiguisant leur désir...

    Elle se laisse basculer en avant, vers lui, et murmure intérieurement : « Si tu me rattrapes, c'est que tu es l'appui sur lequel m'appuyer... Oh! Rattrapes-moi... Je serai à toi pour l'Eternité... ».

    Le faune ne sait plus ce qu'il fait, son corps seul agit et commande, il plonge et rattrape la Dryade, il la serre contre lui et elle sent pulser contre son ventre tout le désir et l'amour de la terre, concentrés en cet être qui la maintient dans sa chaleur.

    A la fois, plus rien n'est et tout existe... Tout se confond, et tout s'éclaire...

    Des visions par milliers lui apparaissent, sans même savoir si elles lui viennent de sa propre personne, de la nature, ou bien de cet être qui déjà, n'est plus rien sans elle, comme elle sans lui.

    Il la plaque contre le tronc de l'arbre qui, l'instant d'avant encore, servait de masque à sa pudeur, et le tronc s'ouvre pour eux. Ils se fondent dans l'arbre, deviennent sa sève et ses branches, chacune des tiges des feuilles nées, en train de naître ou de mourir, en train de vivre... Ils sont chacun des minuscules insectes qui grouillent entre l'écorce, ils sont l'oiseau qui gazouille depuis son perchoir, et le vent dans les branches, et la poussière dans le vent, et l'eau dans la poussière, et le nuage dans le ciel, et le ciel lui-même, le soleil et l'univers.

    Ils ne sont rien l'un sans l'autre parce qu'ensemble ils sont tout.



    Lully. ©



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  • Quel auteur ne s'est jamais posé cette question, de savoir qui il est, derrière ses mots, et ce qu'il restera de lui?



    Et Soi Mourra Quand Même...


    Lundi matin, 4h17.

    Encore une nuit blanche, encore les heures sombres qui 

    défilent sans sommeil, le tic-tac de mes pensées martelant 

    mon pauvre crâne. 

    Encore une fois je suis là, devant cet écran sur lequel je vois 

    apparaître un à un les mots que je tisse, toile de verbe, 

    parcourue de non-sens et teintée de cynisme.

    Désabusée je suis, et j'aimerai laisser le pouvoir du langage

    s'exprimer pleinement, alchimie des pensées et des lettres qui

    s'accommodent les unes aux autres, dans un abîme profond

    aux parois capitonnées de velours dans lequel se vautrer, là, à les

    regarder seulement s'accorder , se mélanger.

    Lire des mots en osmose, percer leur sens pour les ressentir

    pleinement, vague presque érotique s'insinuant en nous.

    Mais mon esprit bouillonne et bafouille des idées inachevées,

    des sensations vite envolées, comme si chaque pensée chassait

    l'autre avant qu'elle ait pu réellement exister.

    Arrachées à ma tête comme d'une main invisible, jetées là

    vulgairement comme on couche une putain sur un drap sale

    pour être consommées et si vite oubliées que les charmes

    qu'elle vend.

    Basse besogne que d'écrire sans talent, que d'aimer sans

    amant.

    J'ai beau vouloir, ma muse s'est envolée au loin et rien ne

    résulte de cette vaine tentative qu'une mixture insipide et

    incolore.

    J'ai beau lutter, tenter d'exister envers et contre tout,

    m'adonner corps et âme au bel art de la plume, qui suis-je

    sur ce papier que l'on pourra froisser, déchirer , enflammer

    et jeter en pâture aux langues de feu gourmandes d'un âtre

    auprès duquel il fait meilleur se réchauffer?

    Suis-je seulement cela, un bout de papier usé, sur lequel on

    aura peut être aimé se pencher encore et encore mais qui

    finira pourtant en combustible?

    Pourrais-je caresser l'espoir de nourrir plutôt le feu des

    âmes, avec la mienne qui s'offre nue à qui veut me lire, qui

    veut m'entendre et me connaître?

    Il est des fois où mes mots auront remué la vague, là, au

    creux du ventre, et même parfois, où la jetée aura débordé,

    laissant couler sur le visage quelques gouttes salées.

    Dois-je dire merci? Est-ce ainsi qu'il faut que l'on m'aime?

    Je me dois d'accepter l'idée que l'on puisse m'aimer, sans me

    connaître, sans même le vouloir, qu'ainsi on n'aime seulement

    mon verbe et ce qu'il représente, mais que celle qui émeut

    restera anonyme, cachée derrière ses textes, juste un livre

    ouvert sur un corps déserté. Déserté? Pas même, inexistant.

    Peut-être ne serais-je donc un jour qu'un ouvrage qu'on

    parcourt, les mots auront dominé l'être, je ne serais plus

    qu'eux, disparue de la réalité dans celle que j'aurais créée.

    Aucune image de moi, aucune vision, plus même de sexe, ni

    une femme ni un homme, ni même un esprit, simplement des

    phrases et des phrases à la pelle que l'on dévore, que l'on

    déteste ou qu'on adore, que l'on retient, que l'on vénère aussi

    parfois. Je serais les sentiments que certains ne savent

    exprimer, je serais l'irréalité que l'on visite en rêve, la peur

    irraisonnée que l'on ressent la nuit, les mots que l'on n'ose

    dire. Je serais le livre de chevet d'untel, la bête noire des

    cancres et des vilains, l'égérie peut être des rêveurs, mais qui

    sait si déjà, moi-même, je ne rêve pas?

    Serais-je seulement lue de quelqu'un, d'un quelqu'un que

    j'aimerais toucher, au plus profond de lui, afin qu'il sache, qui

    je suis, qui j'étais, et qui je deviendrais?

    Je serais moi, je suis auteur, j'étais quelqu'un et je le reste.

    Quelque part sur cette terre, peut-être une trace de moi

    subsistera, quoique soit ce moi, quelque forme qu'il prendra,

    poussière, charbon, corps ou âme, je serais disséquée,

    disséminée aux quatre vents, et j'aurai existé, une minute ou

    une heure, pour quelqu'un, pour ces autres, que je frôle

    encore parfois, du bout du doigt.

    Au moins, j'aurai été élément, dans ce monde que je foule,

    que j'écraserais bien quelquefois lorsqu'il blesse.

    Chaque chose à sa place, chacune son devenir.

    "Je suis élément de ce monde, ce monde est mon élément",

    ai-je dis, déjà, il y a longtemps.

    J'aurais été aussi insignifiante qu'un souffle quand les siècles

    auront passé, mais il aura peut-être porté en lui les germes

    d'un second, et l'existence suit son cours, d'un souffle à

    l'autre.

    Alors, quoique deviendront mes mots, quoique sera le futur

    d'après moi, mon passage aura compté, là, juste là.

    Un jour où l'autre, la mort viendra tout emporter avec elle,

    quelques soient les traces qui subsisteront.

    Et Soi mourra quand même...

    Ainsi va l'Univers.  



     

    Lully. ©



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  • Il suffit de fermer les yeux, et de commencer le voyage vers ces si petites choses qui font les plus grands bonheurs. Comme par magie, les sensations sont là, nous entraînant au loin.
    Ô plénitude!
    Essayez, si vous ne me croyez pas!

     

    A lire avec ... - Ekova - Starlight in Daden -

     


     

    Odeurs et pensées vagabondes

    J'écoute "Les étoiles filantes", et je pense à lui, lui cet ami qui sait parfois tant m'exalter, tant m'agacer aussi...

    N'est-ce pas l'étrange et détonant mélange que provoquent toujours en nous les gens que l'on aime le plus au monde?! Comme je ne voudrais revenir en arrière, comme le connaître est un point crucial de mon existence, et le sera encore, au fil du temps, je l'espère, je le sais, je le sens...

    Il est absent, il me manque, j'aimerai lui partager ces sentiments directement...

    J'aimerai là, maintenant, je ne sais pourquoi, lui dire quelles sont les odeurs qui m'enivrent, oh, et les respirer avec lui...Mais il ne pourrait les sentir comme je les sens, avec tout ce que cela engendre, les souvenirs, les peines et les joies, qui remontent alors à la surface de mon esprit!

    Ainsi, quand flotte dans la pièce, ou sur un foulard, le parfum de ma mère, je me sens redevenir une petite fille, fondant alors dans mes vêtements ,comme une Alice croquant le champignon rétrécisseur, de retour en son pays des merveilles... Et j'ai dans la tête des éclats de rire et des baisers ,un "joyeux non-anniversaire", des instants de tendresse, des étreintes poignantes, mais aussi, le détestable mouchoir mouillé à la bouche pour vous essuyer les traces laissées sur les joues par quelque gourmandise ou quelque pirouette en pleine nature...Cet instant où les plus terribles grimaces apparaissaient alors sur mon visage, mais qui me laissent aujourd'hui un sentiment de bonheur intense, plongée au cœur d'un océan d'amour...

    L'odeur du Jasmin, elle, m'entraîne au loin, je ferme les yeux et je suis transportée, au beau milieu d'un jardin princier, où se dresse au loin le palais d'un maharajah au front couvert d'un turban aux milles émeraudes...Et je virevolte parmi les fleurs, les hautes herbes et les arbres centenaires...Des papillons s'en viennent se poser sur ma main, je tournoie un instant avec eux, où un rayon de soleil s'en va illuminer l'eau claire d'un bassin, ma robe aux couleurs d'arc-en-ciel caressant mes mollets au rythme de ma joie...

    Il y a celle des sous-bois aussi, surtout après la pluie...Mes poumons s'en emplissent et alors, les chênes, hêtres, noisetiers, prennent vie autour de moi, murmurant dans un langage connu d'eux seuls les mots des sages, marmonnant derrière leur bonhommie les secrets des âges anciens...En haut, sur la branche, les fées tiennent probablement entre elles un doux conciliabule, et les champignons abritent d'étranges hôtes qui m'épient, derrière leur fenêtre...Peut-être , si je m'aventure trop loin, serais-je entraînée dans la danse sauvage des farfadets, jusqu'à épuisement?!

    Je marche, et l'odeur du bitume, humide et chaud d'après l'orage, vient picoter mes narines...Que de chaudes nuits d'été me reviennent en mémoire, de ces ballades nocturnes d'après la fête, quand il fallait rentrer en douce pour ne pas se faire prendre...La tranquillité de la ville et le souffle du vent, me faisant frissonner sous mon trop fin gilet! Le tumultueux remous de l'adolescence au cœur, les baisers, les caresses qui nous émeuvent encore l'instant d'après, et le désir, son attraction mêlée de honte...

    Je ferme les yeux, et rêve à tous ces instants...

    C'est si doux.  



    Lully. ©



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